Quel grand-angle pour la photographie sous-marine ?

Bonjour les Amoureuses / eux ❤ du Monde du Silence 🐟,

En photographie sous-marine, nous nous contentons généralement de la macro et du grand-angle. Peu de portrait 😄. Ayant déjà traité les objectifs macro dans cet article: 60 mm ou 105 mm : lequel choisir pour la Macro ? je vais étudier avec vous les choix que nous avons dans le domaine des objectifs grands-angules, ces objectifs qui nous permettent d’embrasser le monde sous-marin.

Introduction

Evidemment, je ne vais pas pouvoir comparer tous les objectifs de toutes les marques et modèles. Bien que je vais vous présenter des objectifs de la gamme Nikon, les lois de l’optique et le savoir-faire des différents constructeurs étant similaires, vous pourrez avoir une vue d’ensemble, quelle que soit votre appareil. Pour appuyer mes propos, les objectifs dont je vais vous parler sont présents dans d’autres marques comme Canon, Sony, Sigma ou Tamron avec des caractéristiques similaires en termes de focale et d’ouvertures. 

Nikon 16-35 f/4

Canon 16-35 f/4

Je vous présenterai principalement (mais pas que) des objectifs pour les DSLR (Réflex) et hybrides. Malgré l’absence d’hybride en ma possession, je ne pense pas que les caractéristiques optiques présentées pour un Réflex soient différentes pour un hybride, pour autant que la taille du capteur soit la même. Dans le cas contraire, un facteur de recadrage de l’angle de vue (Crop) ou du vignetage pourrait apparaître. 

Pour les compacts, je vous parlerai essentiellement de deux lentilles humides qui se placent devant le boitier.

Les objectifs grands-angles ont des caractéristiques intéressantes pour la composition et les effets esthétiques de la photo: ils mettent en évidence les sujets proches en leur donnant une importance relative plus importante. De même ils tendent à accentuer l’éloignement les sujets et exagèrent les perspectives. Grâce à cela, ils offrent plus de dynamisme et d’immersion dans la photo.

Soyons désagréables dès le début

Nous sommes insatiables. Enfin, je le suis. Je ne voudrais pas généraliser. Lorsque je cadre au grand-angle, je veux toujours inclure plus (enfin presque toujours). Surtout lorsqu’il y a une épave, une structure, un tombant, … bref, un sujet grandiose que je veux mettre sur un petit rectangle de 24×36 mm au cœur de mon Nikon D800 (voir plus petit sur mon Sony RX100M5). 

Sony RX100-M5 Iso 100 – @ 27mm – f / 3.5 – 1/2000 s

Il faut donc un objectif qui a la plus petite focale possible (exprimée en mm). Evidemment, cela crée des soucis. Les rayons de lumière qui viennent de partout et qui sont très éloignés les uns des autres doivent arriver ensemble, au même endroit et … former une image nette. C’est compliqué 😩! Contrairement aux dogmes de certaines conventions humaines, nous faisons face à des lois physiques (celles de l’optique) et nous devons composer avec elles, faire des compromis

C’est pour cela, que les grands-angles ont des faiblesses. Elles augmentent avec la focale qui diminue. En d’autres termes, plus la lentille voit large, plus elle a tendance à avoir des défauts. De plus, lorsque nous les immergeons, ces défauts ont tendance à s’accentuer.

Il y a deux principaux défauts qui s’expriment surtout dans les coins: les photos sont « molles » et il y a des distorsions.

Les déformations

Si dans le centre les proportions et les rapports de taille restent corrects, d’une façon générale, plus on s’éloigne du centre, plus les déformations sont importantes. De même, plus le sujet est proche, plus il prend de l’importance et inversement. Dès lors placer un plongeur, et plus particulièrement son visage, proche de l’objectif ou dans les coins du cadre ne le flatteront pas. Au contraire. 

Manque de piqué

Dans les coins, les rayons de lumière de différentes couleurs (longueur d’onde) n’arrivent pas à bien se rejoindre au même endroit. Les points deviennent des « pâtés » ou des petits traits. Il peut aussi y avoir une sorte de dégradé de couleurs avec une frange bleue d’un côté, du rouge de l’autre. En quelques sortes un mini arc-en ciel. C’est l‘aberration chromatique

Quelles solutions

Les fabriquant ont bien évidemment essayé de remédier à cela. Mais il y a des limites. Pour nous, utilisateurs, cela se traduit par: plus tu veux de la qualité, plus tu payes cher.

Mais ce n’est pas tout. Lorsque nous voulons les utiliser sous l’eau, il faut un dôme. Ici, aussi, le prix a son importance. Plus le dôme sera grand, plus la qualité de l’image sera bonne. Investir dans un grand dôme en verre (9″ ou plus) , est sans doute une étape par laquelle vous passerez.

De plus, certains logiciels de développement de photos (Lightroom, DxO, …) proposent des corrections automatiques des défauts (aberration chromatique et déformations) selon des profils type des objectifs utilisés. Cela fonctionne plutôt bien.

Éclairage

Ici aussi, plus la vision sera large, plus il faudra consentir à acquérir un éclairage coûteux. En effet, nous devrons éclairer une zone plus large avec une qualité de lumière aussi constante que possible pour éviter un centre bien éclairé et une périphérie qui deviendrait rapidement sombre. Deux sources lumineuses deviennent indispensables. Pour ma part, j’utilise des flashs Retra Pro (Cf. article Flash Retra : hors du commun !)  ou des Inon Z330. Les premiers offrent une meilleur qualité / constance d’éclairage sur une plus grande surface. Concernant des lampes qui offrent puissance, couverture et réglage de puissance, je n’en connais pas. Si vous avez des références, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires. Je sais que Keldan offre une large gamme très performante, mais je ne les ai jamais utilisées.

Outre les caractéristiques techniques des flashs (ou lampes), leur positionnement est d’autant plus délicat que les grands-angles voient large. De même, plus la visibilité est mauvaise, plus on verra leur effet (Voir l’article : Comment photographier en grand-angle dans une eau très très chargée ?). Certains objectifs voyant à 180°, il m’arrive d’avoir le flash visible dans la photo. Il faut donc apporter une attention toute particulière à la technique d’éclairage au grand-angle.

Objectifs Reflex (& Hybrides)

Nous avons deux grandes familles de lentilles. Les lentilles linéaires et les fish-eye.

Les objectifs (recti-)linéaires

Ils portent ce nom car les lignes droites restent des lignes droites. Dans les lignes qui suivent, je vous présenterai 3 objectifs. Ils sont tous les 3 des objectifs « très grand-angle ». Comme je l’écrivais, lorsque l’on photographie en courte focale, on en a jamais assez. Donc je ne vous parlerai pas des « grand-angles mais pas trop ». 

Nikon 10-24 DX

D’une façon générale, en linéaire, la limite est vers les 14 à 16 mm. À ces focales-là, les déformations sont tout de même très importantes lorsque l’on s’écarte du centre et la capacité à garder une image nette sur les bords devient plus que limitée.

 
Capteur APS-C

En APS-C (16 x 24 mm – facteur de recadrage 1.5) j’utilise le 10-24 mm f/3.5-4.5 

C’est un objectif qui avec un appareil APS-C cadre comme un 15-36 mm MAIS avec les déformations d’un vrai 10-24 mm. Evidemment, come nous regardons une partie plus petite / plus centrée de l’image, cela ne se voit pas trop.

Capteur plein format

En Reflex plein format j’utilise principalement le 16-35 mm f/4

C’est donc l’équivalent du modèle précédent cette fois-ci en capteur plein format (24 x 36 mm).

Nikon 16-35 f/4

Ces deux modèles offrent d’une part un bon champ de vision, un zoom x2 (ce qui peut être intéressant dans certaines conditions comme la photo de poisson) et une distance de mise au point minimale réduite. Cette dernière caractéristique permet de mettre en évidence le sujet et de minimiser la quantité d’eau (meilleur couleurs, piqué, contraste, …). Evidemment, cela demande une gestion précise de la position des éclairages pour ne pas créer de zone d’ombre dans laquelle se retrouverait le sujet tout en évitant de faire apparaître un voile de lumière sur la photo.

J’ai aussi un magnifique modèle, le 14-24 mm f/2.8. Un vrai petit bijou sur terre. Il produit malheureusement des photos de très médiocre qualité sous l’eau. Les coins sont très mous et allongés. Il semblerait que mon dôme de 9″ en verre ne soit pas assez grand.

Les objectifs Fish-eye
Fisheye – 16 mm FX

Les fish-eye ne conservent pas les lignes droites. Elles sont courbées. Heureusement sous l’eau, cela de dérange pas beaucoup. D’abord parce que nous ne faisons que peu de portrait. Ensuite il n’y a pas de lignes droites dans les paysages sous-marin. Nous n’avons donc pas de repère pour comparer et savoir si c’est plus ou moins tordu. Dans le cas des épaves, les contours et les formes des bateaux sont également courbes. Il y a bien des châteaux et des superstructures linéaires, mais cela passe. D’autant plus qu’aujourd’hui les petites caméras d’action toutes équipées d’objectifs fish-eye. Nous sommes donc plus habitués à ce type d’image. Elles renforcent cette impression d’espace, de grandeur.

Capteurs « plein format »

J’ai d’abord utilisé un fish-eye 16 mm f 2.8 plein cadre. C’est à dire que l’image utilise l’ensemble du capteur. C’est une très belle focale fixe, très lumineuse (f 2.8). Ce fut longtemps le seul objectif disponible et abordable.

Fisheye 8-15 mm FX

L’année dernière (environ 2019), Nikon a sorti un zoom fish-eye 8-15 mm (f /3.5 – 4.5) à l’instar de ce qui existait déjà chez Canon. Il est moins lumineux que la focale fixe mais offre plus de possibilités puisque c’est un zoom. A 15 mm, il est semblable au 16 mm et couvre 180° en diagonale. Là où il est inhabituel, c’est à 8 mm: il devient circulaire. C’est à dire que l’image forme un disque au centre du capteur. L’extérieur de ce disque est tout noir. L’image couvre 180 ° dans tous les sens. 

Entre les deux, c’est sans intérêt. Du moins, je n’en ai pas encore trouvé. 

Capteurs APS-C

Pour la gamme des APS-C, il y a l’excellent et renommé Tokina 10-17. Selon les retours que nous pouvons lire sur différents forums et les témoignages récoltés auprès d’utilisateurs, c’est LE zomm grand angle à avoir si vous avez un capteur au format APS-C. Il donne une photo plein cadre aux deux extrémités des focales en couvrant 180 ° en diagonale à 10 mm. Le zoom permet un peu de souplesse dans le cadrage. La qualité est excellente et n’a pas de rival actuellement sur le marché.

Je n’ai pas ce modèle. J’ai par contre un fish-eye 10.5 mm de chez Nikon qui me sert pour le D200. Il couvre aussi 180 ° en diagonale comme son homologue 16 mm en plein format.

Ce qui est le plus compliqué avec ces objectifs qui voient presque derrière eux, c’est comme tous les super-grands-angles : le positionnent de l’éclairage.

Les compacts

Pour les compacts, les prises de vue au grand angle se font en ajoutant un pré-objectif humide (qui peut s’ajouter sous l’eau). Si les compléments optiques macro coûtent déjà quelques centaines d’euros pour avoir une bonne qualité, ceux pour les grand-angle frôlent ou dépassent le millier d’euros.

Ici aussi, la qualité se paye.

Le complément WWL-1
La première version WWL-1 qui est prévue pour « couvrir » le 28 mm et y offrir un angle de 130° de vision.

Pour mon Sony RX100M5 dans son caisson Nauticam, j’utilise le complément WWL-1 produit par la même marque. Il y a néanmoins un petit souci. Le Zoom du Sony va de 24 à 70mm. Hors le complément de chez Nauticam est prévu pour commencer à 28 mm. Cela veut dire qu’à 24 mm, j’ai du vignetage. En pratique, la focale à 27 mm, ne montre pas de signe évident de vignetage. A 26 mm, cela dépend de la distance de mise au point. Evidemment, une photo dans une ambiance un peu sombre masquera l’assombrissement dans les coins. 

Bien qu’il soit possible de recadrer avec l’appareil ou dans son programme d’édition préféré, C’est tout de même ennuyant car au final, nous perdons de toute façon du champ de vision. Alors pourquoi je l’ai acheté ? Parce que il n’en existait pas d’autre! Actuellement un autre modèle se trouve sur le marché. Il est conçu pour les objectifs à partir de 24 mm.

Du côté qualité, je n’ai rien à redire. Les coins ne sont pas moins bons que les grands-angles des réflex avec un grand dôme.

Le complément WWL-C
WWL-C : la nouvelle version pour « couvrir » le 24 mm

Bien que je n’ai pas (🤑) ce complément, il faut noter les avantages suivants par rapport au modèle précédent:

  • Meilleur marché (environ 200 € de moins)
  • Moins gros et moins lourd
  • Couvre le 24 mm sans vignetage

Du point de vue de la qualité de l’image, je ne peux malheureusement rien dire.

Je n’ai pas d’expérience ou de retour d’autres marques. Ce qu’il faut retenir c’est que :

  • la qualité se paye
  • il est intéressant d’avoir une pré-optique qui couvre bien la plage de focale de l’appareil
  • je recommande un système à baillonette qui permet l’échange rapide entre différentes pré-optiques (macro, grand-angle)
En conclusion
Pour un Réflex plein format
  • le 16-35 mm est le plus satisfaisant: grande couverture angulaire et positionnement des flashs facilité
  • Le 8-15 mm en fish-eye est le plus impressionnant: couverture et effet créatif avec l’image circulaire à 8 mm
Pour un Reflex APS-C
  • le Tokina 10-17 mm est celui que j’achèterai aujourd’hui si j’e photographias un capteur APS-C. A 17 mm le positionnement des flash devrait être plus facile tout en offrant une grande couverture angulaire
  • un 10-24 mm est une bonne solution : grande couverture angulaire et positionnement des flashs facilité. A considérer si la gamme 17-24 mm est utile pour vous. Sinon, le Tokina est ma recommendation.
Pour un compact
  • Choisir une marque connue (Nauticam, Inon, …)
  • Un modèle compatible avec votre caisson qui offre un système d’attache rapide
  • Un modèle compatible avec la plage focale (ex. 24-70 mm) de votre appareil

Si vous connaissez d’autres marques ou modèles, si vous avez des retours d’expérience, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.

D’ici le prochain article, je vous souhaite de belles photos au grand-angle de votre choix.

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